Carpe(s) de Noël
C’est l’heure de prendre des vacances! C’est pas que, mais ça fait du bien… Depuis quelques semaines, ça tourne dans ma tête : je veux prendre une carpe à la mouche au coeur de l’hiver. Je regarde chez nos voisins aux USA et je vois que c’est possible. Par contre comme me l’ont précisé de nombreuses personnes va falloir aller les trouver en cette saison… Elles doivent être dans des zones de repos pour passer l’hiver. L’avantage de mes zones de pêche c’est qu’elles se trouvent en rivière. Du coup c’est plus facile de les localiser (du moins je l’espère). Petite étude de la météo. La journée de mardi semble être favorable avec pas de vent, pas de pluie, mais avec des températures qui vont osciller entre 1 et 6°C. Y aller ou pas y aller? De toutes façons il faut bien essayer… au pire je passerai un bon moment au bord de l’eau. Donc, préparation du matériel, confection d’un bas de ligne avec pointe en fluoro en 35/100° et me voilà en train de charger la voiture.
Sur la route, le thermomètre indique 2°C et au loin on devine de la neige récente sur les montagnes, ambiance glaciale! J’arrive au bord de l’eau, il doit être 10h45 environ. Le soleil est bien présent et réchauffe légèrement l’atmosphère. Hop je saute dans les waders (percés, on verra tout à l’heure ça a son importance), je monte méticuleusement la canne, j’enfile la veste et en route pour le bord de l’eau. En marchant mes pieds écrasent des feuilles recouvertes de gelée blanche, ça « craque »! Je commence à voir la rivière, je rampe sous une clôture électrique et me voilà au bord de l’eau. Pas un poisson en vue et de l’eau claire comme du cristal… prévisible! Je sais que j’ai une fenêtre de pêche assez courte avec le temps qu’il fait et je me dirige directement vers une zone de branches immergées qui en été fait office de zone de repos par fortes chaleurs…
Petite descente pas très académique le long de la berge argileuse avec ses ronces et me voilà en surplomb des branches immergées. Je vois rapidement de nombreux poissons qui sont sous les branches : carpes, tanches, brèmes… ça fait plaisir à voir! je repère surtout une paire de carpes de très gros calibre! Mais rien à faire j’y passerai ma boite à streamer et ma boite à nymphes elles ne veulent pas coopérer! Pire, un ferrage foireux fait fuir toute la troupe!
Je décide de poursuivre quand même et de descendre plus bas… ça va faire du bien de marcher avec le froid qu’il fait! Je coupe à travers un champ de vignes et je retrouve le bord de l’eau. Je scrute la moindre parcelle de la rivière boisée, mais rien à l’horizon! Il fait froid et je commence à perdre patience. Allez un dernier pool et je rentre il est 12h30 et je commence à avoir faim également.
Une centaine de mètres plus loin, sous une branche qui surplombe l’eau mes yeux s’écarquillent : je découvre une grosse quinzaine des carpes toutes au dessus des 8 kg. Tout ce petit monde navigue très très lentement à raz du fond, en état quasiment léthargique. Allez c’est l’heure de retenter et de faire une carpe au cœur de l’hiver! Grosse sangsue noire avec bille laiton en tête sur H 4 (mouche fétiche pour la carpe) et me voilà entrain d’essayer de leurrer une belle… Les premières tentatives sont des échecs. Les poissons s’écartent et laissent passer la mouche.
Je décide de changer de stratégie et de cibler les poissons qui patrouillent le long des berges, eux doivent chercher à se nourrir. Et bien c’est le choix gagnant : premier passage contre la berge en visant le poisson de tête et il fonce sur la sangsue et l’avale goulument… La carpe s’avance sur la mouche et l’aspire dans un nuage de matières en suspension! Ferrage qui est suivi d’un énorme coup de tête sous l’eau elle est pendue! Elle file au large puis reviens rapidement vers moi pour aller sous la berge. Je ne veux pas rentrer dans l’eau je n’arrive pas à apprécier la profondeur et puis elle doit être vachement froide! Je décide donc de combattre le poisson de la berge (qui est soit dit en passant bien encombrée). Finalement j’amène la poisson à proximité de l’épuisette. C’est une superbe commune aux alentours des 10/12 kg… Hop la tête du poisson passe l’épuisette, grosse réaction du poisson, coup de queue et ma canne se détend comme un arc! Fil cassé??? Non c’est l’hameçon qui vient de lâcher… les nerfs au dernier moment!
Je me pose sur la berge, plutôt désespéré et machinalement je remonte une mouche sur ma pointe… histoire de se donner du courage! Et là dans mes pieds sous la berge, les carpes se remettent en place… C’est comme si le combat précédent (qui aura duré tout de même 10 bonnes minutes), n’avait pas dérangé ces dames! Il faut retenter l’affaire, surtout que le poisson de tête semble bien gros!
Allez le streamer file sous l’eau avec un lancer arbalète … premier passage rien les poissons se détournent! Le deuxième est le bon. Le poisson de tête longe doucement la berge et là comme par hasard mon gros streamer noir croise sa route. Réaction immédiate de la carpe qui aspire avec énergie la mouche, moment magique! Ferrage et démarrage en trombe… ça semble encore plus sérieux que tout à l’heure. Le moulinet hurle et voilà le backing qui arrive (qui a dit que ça sert à rien en rivière hein?). Ce coup ci je saute dans l’eau glaciale, il y a les waders tout de même. Le poisson donne des gros coups de tête au large, génial j’adore! Sauf que je sens un petit filet d’eau qui me glisse dans le dos, puis le long de la cuisse…. arghhhhhhhhhh c’est vrai mon wader est percé et dans cette eau froide!!! Bref, le tête à tête avec le poisson dure vingt grosses minutes, quel plaisir de travailler le poisson sur le frein! A plusieurs reprises la carpe cherche à aller sous la berge et rejoindre ses caches… j’arrive à la brider.
Doucement le poisson commence à montrer des signes de faiblesse et le voilà qui arrive près de moi. Délicatement je glisse la carpe dans l’épuisette elle est énorme! Elle doit bien faire 12 à 15 kilos je pense. Je suis heureux comme un prince. Bon j’ai de l’eau au niveau de la poitrine et il faut remonter sur la berge… j’accroche l’épuisette dans une branche avec son cordon et je sors de l’eau après quelques glissades mémorables. Je m’assois et je regarde cet énorme poisson dans l’épuisette, elle est superbe! Histoire d’assurer le coup je prends une photo de la carpe dans l’eau… je me rappelle encore de nombreux poissons que je n’ai pas pu immortaliser parce qu’ils m’ont glissé des mains en gigotant!
Allez je cale l’appareil photo sur une souche, je fais mes réglages pour faire des photos du poisson quelques photos test et là… bip bip bip… batterie vide!!!! Arggggggggggggghhhhhhhhhhhh ah non pas ça… et bien si! Bon ben je vais immortaliser le poisson avec mon téléphone portable, mais la photo est vraiment pas terrible! Qu’importe, c’est une superbe prise, bien dodue… Je confirme le poids en la prenant dans mes bras! Un beau bébé qui regagne vite sa rivière… Là je décide de rentrer… je suis congelé!
Carpe de décembre (photo : FONTANELLI Julien 2011)
Petit coup de téléphone à l’ami Etienne il est 13h45… viens manger à la maison, comment résister dans l’état de congélation dans lequel je suis! Je retourne à la voiture je me change rapidement et en route le chauffage à fond, y a pas à dire, elle était froide l’eau. Petit repas en tête à tête histoire de se réchauffer… et là ce grand malade me propose pour aller me réchauffer d’aller reconnaitre une zone de repos à carpes derrière chez lui! Je n’ai pas hésité et nous voilà à 15 h30 en route. J’arrive à le convaincre de prendre les cannes à mouche, ne sait-on jamais!
Nous voilà entrain de longer la berge à la recherche des poissons. La lumière décline, nous avons à peine une heure de soleil devant nous! Vu le courant et les fosses, je décide de monter ma soie plongeante S 7 pour essayer d’aller chercher les carpes dans les trous. On découvre au bout de 500 m de progression environ deux groupes de carpes. Etienne attaque les poissons du haut et moi ceux du bas… Il y a beaucoup de courant et je décide de raccourcir le bas de ligne et de passer en 25/100°… les carpes sont moins grosses ici!
Les premiers essais avec des streamers noirs sont improductifs, l’heure avance et il reste pas longtemps. Je décide d’essayer un montage farfelu avec des perles de collier jaune en plastique! Lors de mes premiers passages, les carpes suivent au fond ce montage bizarre… ça va le faire! Je m’applique en animant légèrement… je vise le gros poisson du groupe! Et là comme par magie la carpe se décide à goûter cette chose bizarre qui rebondi entre les galets au fond (merci à mouche.fr et aux carpistes pour l’idée du montage). Ferrage en plein courant et démarrage en trombe vers le large… la suite en vidéo ci après! C’était une journée formidable, comme quoi la carpe à la mouche en hiver ça fonctionne du tonnerre.
Carpe en soie S 7, plein courant! (Photo : ROCHER Etienne 2011)
Carpe en soie S 7, plein courant! (Photo : ROCHER Etienne 2011)
Fou? non…. passionné c’est pas pareil!
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