En rampant dans les ronces
Quel affront… C’est les vacances et la voiture était immobilisée depuis une semaine pour des réparations ! Hop je la récupère ce matin, ni une ni deux, il faut aller tenter quelque chose sur une rivière du secteur. Par contre c’est la canicule… 37°c à l’ombre quand je décide de partir en expédition. Pas d’imprudences, je charge mon sac à dos d’environ 3 litres d’eau. J’ai dans la tête une zone merveilleuse qui respire « la grosse mémère », très dure d’accès et très compliquée à pêcher. Et bien c’est là que je vais aller sévir…
J’arrive au fond d’un petit chemin de terre qui serpente entre les vignes et je me gare à l’ombre d’un superbe arbre ! Les cigales chantent tellement fort que ça en est presque assourdissant. Je me change rapidement, bas de ligne réduit à sa plus simple expression : deux longueurs de canne de 30/100°… il est impossible de pêcher autrement qu’à l’arbalète là où je vais aller.
Je longe les dernières vignes et je suis un sentier pendant un bon moment. Je bifurque à côté du buisson qui fait office de repère dans ce dédale végétal et je m’approche de la rivière. Je croise un groupe d’énormes chevesnes qui chassent entre les galets ! Superbe ballet de la mort qui se solde à chaque attaque par la disparition de petites ablettes…. Je regarde un petit moment ce groupe en chasse puis je reprends ma route. La grosse chaleur pèse comme une Chappe de plomb et je gagne rapidement le couvert végétal pour trouver de la fraicheur.
Je mettrai une grosse heure à trouver des poissons qui semblent actifs… le hic ils se trouvent en face dans un enchevêtrement de racines surplombé par de gros arbres corsetés par un gros roncier. Je contourne la zone et je traverse la rivière en passant sur les blocs. Commence alors une mission « pénétration jungle » assez dure : il fait très très chaud, il y a pas beaucoup de place et le m’accroche continuellement (le sac à dos, la canne, le gilet…). Bref il me faudra un bon moment pour arriver sur la zone visée sans alerter les poissons.
Et là je me faufile en rampant sur une petite avancée de terre, au-dessus de moi c’est : ronces, aubépines, et branches dans tous les sens ! Par contre quel superbe spectacle : je vois d’énormes carpes qui croisent comme des sous-marins à proximité de la surface. Je repère très vite un groupe de 4 énormes carpes cuir qui frisent facilement avec les 20 kg (voire plus)… Par contre je n’aurai pas de succès avec ces grosses dames ! Mon streamer écrevisse les fait déguerpir comme si elles avaient vu le diable !
En revanche pas loin de moi entre les souches je repère difficilement deux communes qui fouillent avec ardeur le fond ! Le coup n’est pas facile avec la faible visibilité mais ça vaut le coup d’être tenté. Hop lancer arbalète et l’écrevisse fonce vers ces belles dames. Rien au premier passage… Mais au deuxième je vois la deuxième se décaler franchement vers la mouche… elle fonce vers elle et l’aspire comme un gros aspirateur !!! Gros ferrage à plat ventre, la canne tape dans les branches au-dessus et sous l’eau c’est un énorme démarrage tout en furie… ça semble du lourd !
Je décroche le sac à dos et je me glisse à l’eau… sauf que la bretelle est restée coincée dans le gilet et tout termine à l’eau avec moi ! Génial avec le réflex… Bref la carpe donne d’énorme coups de tête ça en est impressionnant, j’ai l’impression d’avoir attelé un taureau. Je suis dans environ 1.60 m d’eau et devant moi il y a une grande fosse et Gertrude (on va appeler la carpe comme ça non ?) fonce vers les profondeurs. Superbe combat tout en puissance sur le frein du moulinet. Elle va me donner du fil à retordre la bougresse : le fil vibre en raclant contre les branches immergées, elle fait d’énormes rush tout en profondeur… c’est un vrai tracteur ! Par contre je reviens sur le frein du moulinet speedrunner, et bien c’est une merveille c’est des obus de ce calibre !
Elle commence enfin après un bon moment à montrer des signes de faiblesse… elle regagne la surface en me faisant encore 4 ou 5 rush très profonds vers le large ! J’en ai le bras en compote, mais quel bonheur. Par contre j’ai pas d’épuisette (je sais faut en racheter une), d’une main je cale l’appareil photo sur la berge et de l’autre je contrôle le poisson.. Et bien ce n’est pas facile du tout !!! Surtout avec des berges abruptes et un fond glissant. J’arrive à bien me placer sur un rocher immergé, hop deux trois photos dans des conditions très limites et la belle commune (dodue Gertrude) regagne vite ses copines !
Beau tracteur (Photo : FONTANELLI Julien 2012)
Bonheur total, une approche digne de rambo, un cadre superbe… le tout récompensé par un poisson magnifique ! Bon par contre je suis encore en train de retirer des épines en rédigeant cet article…
@ très bientôt
Julien
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