Ces moments sauvages….

Ces moments sauvages….

 

Le temps s’écoule vite… très vite ! Les impératifs changent et des projets commencent à voir le jour. La vie professionnelle devient elle aussi très intense et occupe une place de plus en plus en plus importante (trop souvent d’ailleurs). Ceci, il convient de temps en temps de prendre le temps de retourner sur les sentiers qui bordent les rivières, de respirer et d’oser prendre le temps.

 

C’est ainsi, que malgré des conditions météorologiques pas du tout favorables avec un vent qui frise l’insolence j’ai décidé de reprendre le chemin de la rivière ces derniers jours. Quel plaisir que de se retrouver dans les sous bois printaniers, de croiser les premières fleurs qui percent la surface du sol… de suivre les coulées des sangliers.

 

L’appel de la rivière reste toujours aussi fort, avec ce moment magique, quasi inexplicable quand on commence à apercevoir l’eau que l’on n’a pas approché depuis des semaines… Les castors semblent très actifs, avec de nombreuses coupes très fraiches sur les aulnes glutineux le long des berges. Et là en bordure je repère très rapidement des poissons actifs. Mais avec le vent violent je rate mon approche et ils glissent très rapidement vers les profondeurs.

 

Une centaine de mètres en aval je déciderai une petite carpe sur vitaminée de 4/5 kilos qui s’alimentait goulument dans les graviers en bordure. Elle regagne rapidement ses copines d’école pour leur raconter son improbable rencontre avec un humanoïde.

 

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Jeune carpe surprise en bordure (Photo : FONTANELLI Julien 2014)


Le vent devient de plus en plus gênant avec des bourrasques qui rendent les lancers impossibles. Changement de stratégie, je passe sur une imitation de baie plus lourde afin de percer le vent. En descendant le long des roseaux, je rencontre de nombreux petits groupes de carpes très actives que rien ne semble décider. Pour connaître l’endroit, je sais que j’approche d’une zone qui abrite de beaux spécimens… Un endroit plein de branches et de souches immergées.

 

Je repère rapidement une carpe moyenne entre deux bourrasques de vent… elle ne semble pas décidée, même si elle tourne à plusieurs reprises autour de mon imitation. Le vent se calme et là sur la droite, dans une eau claire comme du cristal je vois arriver un groupe de trois carpes. Comme souvent quand elles se déplacent en groupe, la petite est devant et la plus ancienne (et donc forcément la plus grosse) est à l’arrière.

 

Je calcule rapidement ma dérive et Je lance deux mètres en amont du petit groupe mon imitation de baie. La dérive est quasi parfaite, la carpe de tête pique sur l’imitation et à ce moment là,  la plus grosse bouscule ses deux copines pour foncer sur l’imitation et l’avaler goulument. Superbe spectacle que de voir ce poisson avec une tête énorme typique des carpes cuirs de la zone fondre sur ma mouche. Je réagis avec un ferrage bien dosé et PENDU !

 

Elle file vers le large à une vitesse folle ! je sais où elle veut aller et je saute à l’eau derrière elle en dévalant le long de la berge, il y a environ un mètre cinquante de profondeur, j’ai de l’eau jusque sous les bras.  A partir de ce moment là je peux commencer à brider ce superbe poisson, qui va avoir la mauvaise idée de chercher à enrouler son rostre à plusieurs reprises dans le bas de ligne.  Je suis tombé sur un vrai bulldozer qui semble labourer le fond sableux de la rivière pour se débarrasser de moi, un superbe moment. Elle ne s’avouera vaincue après de nombreuses frayeurs et puissants départs vers le large !

 

Elle glisse finalement vers l’épuisette et c’est le soulagement.  Ce n’est pas un poisson énorme (autour des dix kilos), mais elle est superbe : une tête très large avec un magnifique décroché au niveau du front et un énorme ventre. Elle est taillée comme un bœuf. Je n’ai vu cette morphologie que chez les carpes cuirs à ce sujet : très massives, comme taillées par les éléments… Qu’elle rejoindra très rapidement après une courte séance photo avec le réflex posé sur la berge.

 

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Superbe cuir de printemps (Photo : FONTANELLI Julien 2014)


Vient le moment de rentrer, la lumière décline et le vent devient de plus en plus intense, les éléments semblent se déchainer. Quel plaisir que de rencontrer du poisson dans de telles conditions : du vent violent, un gros débit dans la rivières, de longues approches au milieu des ronces… C’est pour ces moments là que l’aventure de la pêche mérite d’être vécue. Sur le chemin du retour je me rends compte que ça fait précisément sept années que je traque la carpe à la mouche de manière régulière ! Que de chemin parcouru depuis mes débuts laborieux à la recherche de la bonne technique et des bonnes imitations…  Pour le lecteur curieux, vous avez une partie de ces aventures qui sont rédigées sur ce blog.

 

A très bientôt entre deux écailles ou au détour d’un buisson (si possible épineux).

 

FONTANELLI Julien

 

 

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